
LES MOUVEMENTS A TRAVERS LA BIOTENSEGRITE
Les réseaux de tension continue
En biotenségrité, le corps forme un réseau de tension ininterrompu où tous les éléments souples (fascias, muscles, ligaments, membranes) sont interconnectés sans discontinuité. C’est comme une toile d’araignée tridimensionnelle qui englobe tout l’organisme.
Caractéristiques principales
Continuité structurelle : Contrairement au modèle classique qui voit des muscles séparés s’attachant sur des os, la biotenségrité révèle un tissu conjonctif unifié qui enveloppe et connecte tout.
Transmission instantanée : Une modification de tension à un endroit se propage immédiatement dans tout le réseau. C’est pourquoi toucher votre orteil peut influencer votre cou.
Pré-contrainte : Le système maintient une tension de base constante (comme une guitare accordée) qui permet une réponse immédiate aux sollicitations.
Implications pratiques
Cette vision transforme notre compréhension :
•Thérapie : Traiter localement peut avoir des effets à distance
•Entraînement : Importance des mouvements globaux contrairement aux exercices isolés
•Posture : La position résulte de l’équilibre de toutes les tensions
•Respiration : Chaque inspiration mobilise l’ensemble du réseau fascial
Analogies utiles
Imaginez un ballon de baudruche dans un filet : le ballon (éléments en compression) donne la forme, le filet (réseau de tension) assure la cohésion et la distribution des forces.
Ou encore une tente : les mâts (os) ne se touchent pas, c’est la tension des cordes et de la toile qui crée la structure stable.
Cette approche révolutionne la compréhension du mouvement humain en montrant que nous sommes des structures tensionnellement intégrées plutôt que des assemblages mécaniques rigides.
La transmission de force spiralée en biotenségrité est un concept fascinant. Contrairement aux modèles mécaniques classiques où les forces se transmettent en ligne droite, dans le corps vivant elles suivent des trajectoires hélicoïdales à travers les réseaux fascio-musculaires.
Mécanisme de transmission spiralée
Lorsque vous effectuez un mouvement comme lancer une balle, la force ne part pas simplement de votre épaule vers votre main. Elle suit un parcours en spirale :
•Initiation : Poussée du pied au sol
•Transmission : Rotation du bassin et torsion du tronc en diagonale
•Amplification : Passage par les chaînes myofasciales croisées
•Expression : Libération par le bras opposé
Cette organisation en spirale maximise l’efficacité énergétique et la puissance du mouvement.
Chaînes myofasciales spirales
Le fascia forme des “autoroutes” de transmission qui connectent :
•La chaîne spirale antérieure (du crâne au pied opposé)
•La chaîne spirale postérieure (de l’occiput au pied controlatéral)
•Les lignes latérales qui stabilisent ces spirales
Ces réseaux expliquent pourquoi une tension au niveau du pied peut créer des compensations jusqu’à la nuque.
Intégration globale du corps en biotenségrité
L’intégration globale est le principe central de la biotenségrité : le corps fonctionne comme une unité indivisible plutôt qu’un assemblage de parties séparées.
Le principe d’unité structurelle
Dans ce modèle, il n’existe pas de mouvement ou de fonction “local”. Chaque geste, même le plus petit, engage l’ensemble de la structure. Lever un bras implique automatiquement :
•Stabilisation controlatérale : le côté opposé se réorganise
•Ajustements posturaux : le bassin et les jambes compensent
•Adaptation respiratoire : le diaphragme modifie son action
•Réorganisation fasciale : les chaînes myofasciales se redistribuent
Mécanismes d’intégration
Continuité fasciale : Le tissu conjonctif forme un réseau unifié qui transmet instantanément toute modification de tension à travers le corps entier.
Coordination neuro-motrice : Le système nerveux orchestre des séquences de mouvement globaux, pas des contractions musculaires isolées.
Adaptation tensionnelle : Chaque changement local provoque une réorganisation de l’ensemble du réseau de tensions.
Applications concrètes
En mouvement : Un geste efficace utilise des chaînes cinétiques qui traversent tout le corps. Un lanceur de javelot génère sa puissance depuis ses pieds jusqu’au bout de ses doigts.
En thérapie : Traiter une douleur d’épaule peut nécessiter de travailler sur le bassin, les pieds ou même la respiration.
En entraînement : Les exercices fonctionnels qui sollicitent plusieurs chaînes simultanément sont plus efficaces que l’isolation musculaire.
En posture : Se tenir debout n’est pas un empilement de segments mais un équilibre dynamique de toutes les tensions corporelles.
L’intelligence du système
Cette intégration révèle une intelligence corporelle remarquable : le corps “sait” instinctivement comment redistribuer les forces, s’adapter aux contraintes et maintenir son équilibre global. C’est cette sagesse intrinsèque que recherchent les approches corporelles modernes.
L’intégration globale explique pourquoi certains mouvements nous donnent une sensation d’unité et d’harmonie : ils respectent cette organisation tensionnelle naturelle du corps.
Mouvement fluide sans effort en biotenségrité
Le mouvement fluide sans effort représente l’expression optimale de la biotenségrité : quand le corps utilise pleinement son architecture tensionnelle naturelle.
Le paradoxe de l’effort minimal
Dans la biotenségrité, moins d’effort produit plus d’efficacité. Cela semble contre-intuitif mais s’explique par l’utilisation intelligente de :
L’énergie élastique : Les fascias stockent et restituent l’énergie comme des ressorts, réduisant le travail musculaire actif.
La pré-tension : Le système maintient un tonus de base qui permet une réponse immédiate sans sur-activation.
La coordination globale : Au lieu de forcer localement, tout le corps participe harmonieusement.
Caractéristiques du mouvement fluide
Continuité temporelle : Pas d’à-coups, le mouvement s’écoule dans une vague continue.
Distribution spatiale : L’action se propage de manière ondulatoire à travers tout le corps.
Économie énergétique : Utilisation optimale des forces de gravité et d’inertie.
Adaptabilité : Capacité d’ajustement instantané aux variations de l’environnement.
Les secrets de la fluidité
Relâchement actif : Savoir quand ne pas contracter, laisser les tissus conjonctifs faire leur travail.
Respiration intégrée : La respiration devient le moteur rythmique du mouvement.
Conscience proprioceptive : Sentir les tensions et les relâchements dans tout le corps.
Timing naturel : Respecter les rythmes intrinsèques plutôt qu’imposer une cadence artificielle.
Exemples dans la nature et l’art
Le chat qui saute : Utilise parfaitement l’énergie élastique de ses fascias pour des bonds puissants et silencieux.
Le danseur expérimenté : Semble défier la gravité par sa capacité à utiliser les forces plutôt qu’à les combattre.
L’artiste martial : Génère une puissance impressionnante avec une apparence de décontraction totale.
L’enfant qui bouge : Naturellement fluide avant que les tensions et habitudes ne s’installent.
Retrouver la fluidité
La biotenségrité suggère que ce mouvement fluide est notre état naturel, temporairement masqué par :
•Les tensions chroniques
•Les patterns de compensation
•La sur-sollicitation de certaines chaînes musculaires
•La perte de conscience corporelle globale
Les approches comme le Feldenkrais, l’Alexander, le yoga somatique ou certaines formes d’arts martiaux visent à retrouver cette fluidité innée en restaurant l’intégrité du réseau tensionnel.
Cette fluidité sans effort révèle la beauté fonctionnelle du corps humain quand il exprime pleinement son potentiel biotensegral.
L’absence de mouvement articulaire isolé
En biotenségrité, le concept de mouvement articulaire isolé est une illusion biomécanique. Aucune articulation ne peut bouger indépendamment des autres.
Pourquoi l’isolation est impossible
Continuité fasciale : Les fascias forment un réseau unifié qui connecte toutes les structures. Bouger une partie active instantanément l’ensemble du réseau.
Chaînes cinétiques : Chaque mouvement se propage le long de chaînes musculo-fasciales qui traversent plusieurs articulations et segments corporels.
Stabilisation réciproque : Pour qu’une articulation bouge, d’autres doivent se stabiliser ou contre-balancer, créant un système d’interdépendance.
Adaptation posturale : Le système nerveux orchestre automatiquement des ajustements posturaux globaux pour maintenir l’équilibre.
Exemples concrets
Lever le bras :
•L’omoplate se mobilise (scapulo-humérale)
•La colonne vertébrale s’adapte (compensation thoracique)
•Le bassin se réorganise (stabilisation)
•Les jambes s’ajustent (ancrage au sol)
Plier le genou :
•La hanche compense en flexion
•Le pied s’adapte au changement d’appui
•Le bassin bascule légèrement
•La colonne s’ajuste pour maintenir l’équilibre
Tourner la tête :
•Les chaînes cervicales s’activent
•Les fascias thoraciques se mobilisent
•Les chaînes croisées compensent
•Même les hanches peuvent s’adapter
Implications thérapeutiques
Cette compréhension révolutionne l’approche :
Diagnostic : Une douleur articulaire peut avoir son origine ailleurs dans la chaîne.
Traitement : Traiter localement sans considérer le global est souvent inefficace.
Rééducation : Privilégier les mouvements fonctionnels globaux plutôt que l’exercice analytique.
Prévention : Maintenir la mobilité de toutes les chaînes pour préserver chaque articulation.
Conséquences pour l’entraînement
Abandon de l’isolation musculaire : Les exercices mono-articulaires perdent leur pertinence face aux mouvements poly-articulaires.
Mouvements fonctionnels : Privilégier les gestes qui respectent les chaînes naturelles du corps.
Qualité plus que quantité : Mieux vaut un mouvement global bien coordonné qu’une répétition isolée forcée.
Conscience corporelle : Développer la perception des connexions et interactions entre les différentes parties.
La beauté du mouvement intégré
Cette absence d’isolation explique pourquoi :
•Les mouvements naturels paraissent harmonieux
•Certains gestes nous donnent une sensation d’unité
•L’efficacité provient de la coordination plutôt que de la force brute
•La fluidité émerge de l’intégration plutôt que du contrôle
En biotenségrité, chaque mouvement est une symphonie où chaque “instrument” (articulation/muscle) contribue à l’harmonie générale. Aucun ne peut jouer solo sans affecter l’ensemble de l’orchestre corporel.
Cette vision transforme notre rapport au mouvement : de la segmentation vers l’intégration, de l’analyse vers la synthèse, de la mécanique vers l’organique.
Pour appréhender l’éducation du mouvement, il faut comprendre la progression puis la régression de notre motricité.
La biotenségrité nous éclaire sur le rôle de la compression discontinue et l’importance de la tension en continu. Cette tension est obtenue à partir de nos parties molles (muscles, ligaments, tendons, fascias, capsules articulaires). Intéressons-nous à son évolution.
Elle est présente à chaque instant de notre vie, de la pâte molle du nourrisson devenu plus ferme à l’adolescence, se poursuivant par une tonicité maximum à l’âge pré-adulte pour aboutir progressivement à une dureté tendant vers une rigidité corporelle au troisième âge.
Pour suivre toutes ces étapes et comprendre les différentes transformations des parties molles de notre corps, prenons des élastiques comme éléments de comparaison et intéressons-nous à l’évolution de leur taille et de leur flexibilité tout au long de notre vie.
Concernant la taille, elle augmente jusqu’à l’état adulte, pour se stabiliser jusqu’à la trentaine et entrer dans une diminution lente et progressive qui s’accélère à partir de la cinquantaine.
Pour l’élasticité, elle débute au stade du nourrisson, par une souplesse et une flexibilité maximum, elle se réduira tout au long de notre vie, subissant un nombre infini de contractions concentriques et excentriques générées par notre motricité et le rôle débordant de notre dos… Vidéo
Le corps constitué d’éléments homogènes, principe de la biotenségrité, aboutit à un ensemble hétérogène dû à notre construction articulaire (angles différents) et à une mauvaise circulation de l’énergie. A nous de rendre cet ensemble plus homogène par l’éducation d’un langage qui s’appuie sur la biotenségrité et le rôle primordial des fascias. Vidéo
MOUVEMANCE
Nos parties molles forment un ensemble corporel qui assure tonicité et stabilité, amélioré par une tension continue grâce à une élasticité augmentée. Nos fascias stimulés servent d’enveloppes corporelles concentrant énergie et plasticité.
La finalité de MOUVEMANCE est d’effectuer des mouvements quotidiens par répétitions afin de développer des stimulations musculaires et fasciales, que nous devrons mémoriser et intégrer à notre vie corporelle (mémoire procédurale).
Pour cela,
MOUVEMANCE
- S’appuie sur les fondamentaux de notre anatomie : L’arbre à 5 branches
- Nous fait découvrir de nouvelles sensations sur notre mobilité : L’effet trampoline
- Augmente de manière significative la stimulation de nos fascias
L’apprentissage de ce langage se fera en trois étapes :
1- L’éveil sensoriel
2- Les gammes gestuelles, répétitions de mouvements chronologiques
3- L’application sur des gestes intentionnels, le langage corporel au quotidien
Toute cette éducation demandera de respecter certains principes fondamentaux :
- L’inversion musculo-articulaire
- La simultanéité de la contraction et du mouvement
- L’orientation des articulations
- L’ouverture de l’angle articulaire à basse consommation d’énergie
- Le refus des segments tendus
- La connexion des extrémités sensorielles, prise de contact
- Le placement du corps en fonction de l’action
- Le refus de la symétrie gestuelle
MOUVEMANCE
Nos contractions au service de l’élasticité et du mouvement.
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